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Les espaces maritimes dans la mondialisation

Les espaces maritimes : approche géostratégique

 

Quels sont les enjeux spécifiques des espaces maritimes comme territoire de la mondialisation ?

 

  1. Des espaces à fort enjeux dans la mondialisation

 

- Les mers et océans représentent 70% surface terrestre, et l’essentiel de ce territoire maritime est un espace de libre-circulation (au-delà des 12 miles côtier qui délimitent la souveraineté de l’Etat). Les océans facilitent donc la mise en relation du monde dans le cadre de la mondialisation. Aujourd’hui, 90% des échanges économiques mondiaux se font par la mer (produits manufacturés, denrées agricoles, énergie). Ces flux maritimes sont en très rapide croissance, notamment par la conteneurisation : le trafic de conteneurs a été multiplié par sept en 20 ans. DOC PPT : répartitions des tonnages/marchandises.

 

- L’importance des espaces maritimes est également liée à la littoralisation sur la tous les continents : concentration des activités et des populations sur les littoraux. Ceux-ci s’imposent de plus en plus comme des interfaces, mettant en relation les différentes parties du monde. Ce phénomène se traduit par le renforcement de façades maritimes : territoires littoraux articulant

  • des ports avancés dans la mer  à l’aide de terre-pleins et capable d’accueillir des bateaux toujours plus grands,
  • des zones économiques spéciales (ZES) attractives pour les entreprises et dont les activités alimentent la dynamique portuaire,
  • et des grandes métropoles, situées sur la côte où dans l’hinterland et constituant à la fois un marché de consommation et un centre de commandement.

 

- Les espaces maritimes ont toutefois une importance géostratégique variable. Le trafic maritime mondial se concentre sur des autoroutes de la mer empruntées par 10 000 pétroliers et méthaniers, et 5000 porte-conteneurs à l’échelle du monde, tandis que 25 ports polarisent à eux-seuls 50% des flux.

Certains passages maritimes sont rendus vitaux du fait de leur localisation sur ces autoroutes ou à proximité de ressources stratégiques. Ainsi, les deux détroits les plus fréquentés par les pétroliers sont le détroit d’Ormuz (en Iran: 15 M barils/jour) et celui de Malacca (Indonésie : 13M barils/jours).

 

 2. Des espaces attractifs et disputés

 

- Outre leur fonction de support de la plupart de flux matériels de la mondialisation, les espaces maritimes sont des territoires convoités pour les ressources dont ils regorgent.

Il y a en premier lieu la ressource halieutique, importante ressource alimentaire qui représente 16% des protéines animales consommées dans le monde. Environ 100Mt de poissons sont pêchées chaque année dans le monde, dont la moitié issue de l’aquaculture, c’est-à-dire l’élevage.

Les sous-sols des espaces maritimes peuvent également être une source de richesse. On estime ainsi que 22% des réserves mondiales de pétrole et 30% de celles de gaz se situent sous les océans. Cette exploitation des hydrocarbures en mer, dite off-shore, a fourni un tiers des ressources énergétiques consommées durant le XXe siècle. Et de nouvelles réserves continuent à être découvertes : le Brésil a découvert au large de ses côtes d’importantes réserves d’hydrocarbures (50 à 100 Mds de barils) qui placerait la puissance sud-américaine en 4e position des réserves mondiales de pétrole. Outre les hydrocarbures, certains sous-sols contiennent également des métaux précieux et des minerais : diamants en Namibie, or en Alaska, étain en Indonésie, etc.

 

- Les Etats se sont donc très tôt lancés dans une « course à la mer » pour revendiquer la souveraineté sur les espaces maritimes qui les bordaient. Pour réguler cette appropriation, la conférence internationale de Montego Bay (Jamaïque) a établi en 1982 les règles du partage des océans : la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM reconnue par 133 pays en 2011). Celle-ci met en place le principe de Zone Economique Exclusive (droit exclusif d’exploration et d’usage des ressources dans une bande de 200 milles, soit 370km).

 

 

- Le contrôle et l’organisation des espaces maritimes révèlent une hiérarchie similaire à celle des territoires mondialisés. (PPT des dix premières ZEE et carte grandes voies maritimes) On note ainsi que les principales voies maritimes sont orientées Est/Ouest pour relier les principaux pôles mondialisés.

Ce fonctionnement résulte de stratégie commerciale des principales puissances d’ambition mondiale, qui ont pu obtenir un rôle maritime majeur par des investissements de compétitivité en équipement portuaire et en construction navale : ainsi aujourd'hui 21 Etats contrôlent 80% de la flotte marchande mondiale, et sont donc des intermédiaires obligés pour les flux maritimes. De même, on observe un redéploiement des flux maritimes de l’Atlantique vers le Pacifique, signe de la montée en puissance de l’Asie orientale.  9 des 10 premiers ports mondiaux sont en Asie, 7 en Chine.

On retrouve une hiérarchisation des puissances dans le domaine de la marine militaire,

10 pays possèdent 85% tonnage militaire mondial (2000 navires) : 43% Etats-Unis, Russie (13), R-U (7),  Chine (5), Japon (4), France (3). Les Etats-Unis restent actuellement la seule hyperpuissance navale, avec une flotte dans chaque océan et mer stratégique (PPT « Thalassokrator »). Toutefois, certaines puissances émergentes investissent massivement et développent d’importantes marines de guerre.

Ex Chine : 225 000 hommes dans la marine et 400 navires en 2012 ; 58 sous-marins dont 6 nucléaires (US = 18) ; 50 frégates ; 27 destroyers, 180 amphibies, 80 navires mineurs

Répartition en trois flottes : en mer de Chine méridionale, orientale, mer Jaune.

 

3/ Espaces à fortes tensions

 

- Du fait de leur caractère hautement stratégique, les espaces maritimes génèrent des crispations voire des conflits entre Etats. Actuellement on compte environ 70 litiges interétatiques pour des raisons de possession ou d’usage d’espaces maritimes.

Exemple : Océan Arctique, dossier Cf. livre

 

- Du fait de leur étendue, les espaces maritimes sont également propices aux activités illicites : contrebande, braconnage, migrations clandestines. L’essor de la piraterie met également en péril la sécurité des flux maritimes, et montrent les limites d’un contrôle sur les océans, nouvelle zone grise.

Si vous avez le temps, webdocu de l’Etat major français : lutter contre la piraterie

http://www.defense.gouv.fr/lutterContrePiraterieWeb/ Peut faire l’objet d’un DM avec un questionnaire.

 

- L’explosion du trafic maritime, l’exploitation des ressources offshores, la littoralisation, l’essor du tourisme balnéaire et de croisière génèrent des pollutions majeures des espaces maritimes. Dans le Nord-est du pacifique, entre la Californie et Hawaï, les déchets produits par les activités humaines et déversés dans les océans sont acheminés par les courants marins vers un nouveau "continent" de particules plastiques dont la taille atteint près de 3,5 millions de km², soit cinq fois la superficie de la France. Greenpeace estime qu'à l'échelle de la Terre, environ 1 million d'oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année de l'ingestion de plastiques.
La pêche industrielle, dans une logique de rentabilité toujours plus forte, a entraîné une raréfaction de la ressource halieutique qui menace la sécurité alimentaire une partie importante de la population mondiale.

Vidéo Greenpeace : http://www.greenpeace.org/france/fr/campagnes/oceans/

 

Conclusion: La mondialisation induit une réorganisation des territoires à toutes les échelles par la mise en concurrence de tous les espaces, désormais parties prenantes d’un tout globalisé. Il en résulte une hiérarchisation des territoires en fonction de leur degré d’intégration, entraînant l’émergence de territoires dominants et de territoires délaissés ou subissant les effets négatifs de la mondialisation. Pour autant, ce classement des territoires en fonction de leur compétitivité dans la mondialisation libérale est soumis en permanence à une réactualisation. Ainsi, face au ralentissement économique des pôles européen et nord-américain, l’aire Asie-Pacifique semble s’affirmer comme le moteur des échanges mondiaux, entraînant également une redistribution dans la hiérarchie des espaces maritimes.

Toutefois, sous la pression des sociétés civiles, on observe une résistance grandissante des territoires à la seule logique de compétition. Cela se traduit par l’affirmation des filières de consommation locales, mais aussi la montée en puissance des revendications régionalistes, autant de moyens de réaffirmer l’identité spécifique et autonome de chaque territoire dans un monde globalisé. (PPT : les Colas locaux, ancrage d’un produit mondialisé dans un territoire identifié : Bretagne, Iran, Cuba, R. Tchèque, Bolivie)

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