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La mondialisation : processus, acteurs et débats

 

 

A. Les processus engagés dans le fonctionnement de la mondialisation

 

  1. La libéralisation du commerce international

Raisons historiques et politiques : La fin de la Guerre froide, avec l’effondrement du bloc soviétique et la conversion de la Chine pourtant communiste à l’économie de marché consacrent partout le triomphe du capitalisme libéral : il ne reste que très peu d’espaces soustraits à la mondialisation des échanges. Ainsi, les organismes internationaux chargés d'assurer la diffusion du libéralisme économique ont un champ d'action toujours plus vaste : l'OMC compte 159 pays membres en 2014.

Raisons techniques : La révolution des transports permet unediminution des coûts et des temps de transport. Par exemple, la construction de bateaux toujours plus gros témoigne de ces évolutions. Exemple de la conteneurisation : Les ¾ du commerce mondial se font par voie maritime car c'est le moyen le moins cher. La conteneurisation est le transport par conteneur (caisse métallique aux dimensions standardisées) empilés sur des navires, sur des porte-conteneurs, conçus pour transporter ces boîtes (12000) qui apparaissent dans les années 1970 : accélération et rationalisation du transport. Les structures d'accueil de ces conteneurs sont aussi désormais standardisées : terminaux pétroliers ou à conteneurs, entièrement automatisés selon le même modèle partout dans le monde : cela permet d'accroître la productivité des opérations d'embarquement et de débarquement et accélère la rotation des bateaux.

 2. La division internationale du travail (DIT)

C'est la répartition des tâches entre les différents pays du monde. L'ancienne DIT était fondée sur l'échange des matières premières et de produits de base provenant des pays en développement contre des produits manufacturés exportés par les pays industrialisés. La NDIT est moins rigide et plus évolutive ; elle est liée aux FTN : La FTN est en effet un organisme qui développe différentes fonctions abstraites (fonctions de commandement et d’administration, de recherche, de commercialisation) et concrètes (fabrication). Les fonctions abstraites (ou nobles) restent dans les pays du Nord, dans les grandes métropoles. Les fonctions de production sont de plus en plus délocalisées dans des pays qui présentent des avantages pour les FTN (bas salaires, flexibilité du processus productif, proximité de matières premières)

Les délocalisations permettent de fabriquer à petit prix des articles vendus assez cher et de dégager des marges bénéficiaires colossales.

 3. La financiarisation de l'économie

Le capitalisme financier l'a aujourd'hui emporté sur le capitalisme productif : la financiarisation désigne l'importance toujours plus grande du recours au financement par endettement des acteurs de l'économie économiques. La part des activités financières dans le PIB des pays développés est donc en constante augmentation. Les revenus des activités de services dans la banque, l'assurance et les placements sont toujours plus importants. Depuis une trentaine d'années ces flux de capitaux sont en très forte croissante grâce à la déréglementation, à la multiplication des innovations financières (nouvelles formes de placements) et à l'essor des nouvelles technologies (l'électronisation des échanges permet au passage d'un ordre de bourse de ne prendre que 170 microsecondes).

 

B. Les acteurs de la mondialisation

 

Les principaux acteursdu processus de mondialisation appartiennent au secteur privé (firmes transnationales), mais les acteurs publics (organisations internationales, États) et les membres de la société civile jouent également un rôle crucial. Il s'agit ici de montrer que le mondialisation contemporaine se caractérise par la montée en puissance d'acteurs transnationaux ou supranationaux. Un acteur transnational est un acteur qui agit dans l’espace mondial en dépassant le cadre étatique national et qui échappe au moins partiellement au contrôle ou à l’action médiatrice des États : il transgresse la frontière et passe outre la souveraineté de l'État. Un acteur supranational désigne un acteur dont les décisions s'imposent aux États.

 

  1. Les acteurs du secteur privé : les Firmes transnationales

Les FTN sont des entreprises dont le Chiffre d'Affaires (CA) est d’au moins 500 millions de $ et qui réalisent plus de 25 % de leur production ou de leurs échanges avec des filiales implantées dans au moins 6 pays différents.

Il y a dans le monde 80 000 FTN, elles contrôlent 800 000 filiales. C'est dans les pays développés que l'on trouve les sièges de 2/3 des multinationales : sur les 100 premières FTN, 57 sont américaines, 28 européennes et 7 japonaises. La présence des pays émergents, comme la Chine est cependant de plus en plus évidente. Illustrations du poids économique des plus puissantes de ces FTN par rapport à la richesse de certains États (doc 1 p. 103) : le CA de Wal-Mart Stores dépasse le PIB de l’Argentine ou de l’Algérie. Leur stratégie territoriale, fondée sur la division internationale du travail, en fait des acteurs spatiaux essentiels de la mondialisation. (A la maison pr jeudi (11/11 férié : activ Wall-mart p. 104-105 et activ p. 108-109))

 2. Les acteurs du secteur public

Par leur action législative ou réglementaire, ces institutions facilitent ou au contraire créent des obstacles à l’entrée sur leur territoire de produits mondiaux. Par leurs efforts plus ou moins grands de formation de la main d'œuvre et d'encouragement à l'innovation, ces institutions rendent les territoires plus ou moins compétitifs.

 

Les organisations mondiales : Les grandes organisations fondées depuis la 2GM promeuvent le libéralisme économique. Le FMI conditionne son aide financière aux pays en difficultés à la mise en application de plans d’ajustement structurels (ouverture des marchés, privatisations, réduction des subventions à certains secteurs). L'OMC cherche à libéraliser tous les types d'échanges et à régler les différends commerciaux entre les États.

Les organisations économiques régionales :Elles promeuvent le libéralisme, à l'image de la CEE puis de l'UE qui a mis en place un marché commun (1968) puis, à partir de 1986, travaille à réaliser un marché unique.

Les États : Les États sont des acteurs centraux dans la mondialisation. Leurs dépenses publiques sont globalement en constante augmentation depuis les années 1960. Depuis la crise de 2008, les États (aux EU, en Europe) ont renfloué les grandes banques à coup de milliards pour éviter une faillite du système bancaire. L’État, en plus d'assurer leurs fonctions régaliennes (droit et justice, monnaie, défense), soutiennent leursentreprises (commandes publiques, aides à la recherche et à l’innovation), assurent la formation de leur jeunesse et sont des acteurs de l’aménagement et l’équipement du territoire, autant d'éléments essentiels pour l'attractivité et la compétitivité de leur territoire. Ils se livrent à une concurrence acharnée pour attirer chez eux les firmes transnationales, sources d’emplois et d’investissements : par des exonérations d'impôt ou de droits de douane, en participant aux investissements, en réalisant des infrastructures. C'est ainsi que Toyota s’est installé en 2001 dans le Nord de la France à Onnaing près de Valenciennes : l’État français a financé à hauteur de 25 % les investissements pour cette installation. Acteurs incontournables, ils peuvent aussi chercher à limiter les effets de la mondialisation en pratiquant un protectionnisme qui n’avoue pas son nom : ils conservent la maîtrise de leurs frontières et instaurent parfois des tarifs douaniers. Exemple des EU et de l’acier ou de la France et de la viande bovine anglaise au nom du principe de précaution. L’affirmation des NPIA et des pays émergents repose fondamentalement sur l’action volontariste de leurs États respectifs. C’est en partie le manque d’États forts qui explique que certains PED restent à l’écart de la mondialisation.

 

3. Les acteurs de la société civile

Syndicats, associations de consommateurs, ONG s’approprient également les problématiques liées à la mondialisation, en soulignant l’inégalité des termes des échanges ou la concurrence exercée par les territoires produisant à bas coût. Les ONG sont des associations sans but lucratif (à la différence des FTN) et constituées par des particuliers. Leurs missions et leur champ d’action sont très vastes : défendre et promouvoir des valeurs et des grandes causes, enquêter, dresser des bilans sur tous les thèmes possibles. Des exemples d'ONG : ATTAC (réguler les effets négatifs de la mondialisation), Action contre la faim, CARE (promouvoir le développement), Amnesty International (protéger les droits de l’homme), MSF (prodiguer des soins), Greenpeace (protéger la nature)… Leur reconnaissance est croissante en tant qu’acteur international qui ne cherche pas à supplanter les États mais à agir là où il est fait défaut. Il en existe des milliers et actuellement plus de 2700 d’entre elles ont un rôle consultatif auprès de l’ONU et de ses différentes agences. Elles disposent d’importantes ressources financières et matérielles dans le monde notamment grâce à des aides, des dons privés, même si certaines ONG peuvent être subventionnées par les États (ne pas être totalement dépendant financièrement d’un État est essentiel puisqu’il en va de leur indépendance et de leur autonomie idéologique).

 

4. Les acteurs illégaux ou en marge de la légalité

Acteurs qui se livrent à des activités légales mais parallèles ou bien carrément frauduleuses. Ces acteurs font partie intégrante de la mondialisation : les mafias qui contrôlent les réseaux de drogue, de la prostitution, de la contrefaçon... contrôleraient selon l’OCDE jusqu’à 20 % du PIB mondial ! (CA drogues = CA pétrole)

Exemple des paradis fiscaux, où on blanchit l’argent sale issu de ces trafics. Nombre de petits ou de micro-États sont en effet des paradis fiscaux : les Seychelles, de nombreux États des Caraïbes, le Liechtenstein, Andorre, le Luxembourg, Monaco… Ils ont instauré une juridiction d’exception où l’activité financière est totalement déconnectée de l’économie nationale traditionnelle et ils sont spécialisés dans la fourniture de prestations financières opaques. Ils permettent ainsi d'attirer les grandes fortunes désireuses d'échapper au fisc dans leur pays ou permettent de blanchir l'argent sale provenant de trafics illégaux. Pour ce faire, ils offrent le secret bancaire (comptes anonymes), une réglementation très limitée et une fiscalité très faible. Ils refusent en général de collaborer avec la justice internationale dans la recherche et la sanction des fraudes ou des crimes. Depuis 2009, face à la volonté de nombreux États du G20 de mieux prévenir la fraude fiscale en période de difficultés financières, leur coopération avec la justice s'améliore, sans que des changements majeurs soient cependant intervenus. 

  1. Les débats sur la mondialisation

 

  1. Les effets de la mondialisation font l'objet de débats et de critiques

 

a. Les effets sociaux et économiques

- La mondialisation libérale, facteur de développement ? La mondialisation a permis à des pays autrefois sous-développés de sortir de la pauvreté et a pour eux constitué un facteur de développement. Les pays de la façade pacifique asiatique ont été les premiers à profiter des investissements des pays du Nord dans le cadre de la DIT. Des conditions salariales attractives pour les entreprises et la mise en place de politiques fiscales incitatives par certains États asiatiques ont fait affluer les capitaux des pays du Nord dans les quatre Dragons à tel point que la Corée du Sud, Singapour, Taïwan et Hong Kong (avant sa rétrocession à la Chine) connaissent un niveau de vie élevé. Ces pays ont aussi bénéficié des innovations technologiques et des transferts de technologie. La mondialisation a ainsi, pour ces pays, été un facteur de développement. Les Dragons en viennent même à connaître les problèmes que rencontrent les pays du Nord : leurs entreprises délocalisent elles aussi désormais dans les pays asiatiques qui leur offrent des conditions de production plus favorables. Les pays émergents sont sur la même voie, mais sont encore assez loin de sortir du sous-développement.

- La mondialisation libérale, frein au développement ? A l’échelle internationale, elle marginalise les espaces qui sont exclus des échanges. Elle favorise les espaces les plus rentables et les mieux pourvus en ressources et délaisse les plus démunis. Ainsi, l’Afrique subsaharienne, l’Asie du centre et certaines régions d’Amérique latine restent largement exclues du développement ; l’IDH a d'ailleurs diminué dans 21 pays d'Afrique noire depuis les années 1990 (RDC, Côte d'Ivoire, Centrafrique...) ou d'Asie centrale (Kazakhstan, Tadjikistan...). A l’échelle nationale, le phénomène est le même : les écarts se creusent entre les régions : c’est uniquement la Chine littorale qui profite de la mondialisation. Le PIB de la région de Shanghai est de 25000 $ par habitant tandis que celui du Tibet est de 3000 $. A un degré moindre, dans les pays riches aussi, les inégalités se creusent entre les régions qui sont de plus en plus délaissées et accablées par les délocalisations et celles qui savent capter les investissements. A cause des délocalisations, la mondialisation détruit les emplois peu qualifiés, abaisse les salaires et crée de nouveaux pauvres (les « travailleurs précaires »). L'imposition d'un modèle libéral peut aggraver la situation des pays les plus fragiles : La Côte d’Ivoire, dont l’économie reposait sur l’exportation de produits agricoles a vu son économie s’écrouler depuis les années 1990 avec la chute des cours des matières premières (d’où la crise politique de la fin des années 2000).

 

b. Les effets culturels et politiques

La mondialisation engendre une diffusion de produits, de valeurs, de comportements originaires d’Occident et plus particulièrement des États-Unis, qui repose sur la présence mondiale des FTN, des médias anglo-saxons et de la langue anglaise comme langue de communication dominante. On peut se demander si l’on s’oriente pour autant réellement vers une américanisation ou une occidentalisation du monde. Cette uniformisation culturelle est à nuancer. On a déjà évoqué en début d'année le concept d'aires de civilisation, qui nuance fortement l'idée d'une uniformisation culturelle du monde.

Autre aspect de l'occidentalisation, la question politique de la démocratisation. Jusque dans les années 1990, on établissait une corrélation que l'on pensait nécessaire entre libéralisme économique et libéralisme politique. On considérait qu'un pays adoptant le libéralisme économique finissait forcément par devenir démocratique et respecter les libertés individuelles. Or, ce n'est pas ce qui s'est produit : désormais très peu de pays refusent le libéralisme économique, mais bcp le libéralisme politique (voir Chine)

 

c. Les effets environnementaux

La mondialisation est fondée sur la diffusion mondiale du modèle capitaliste et industriel occidental. Elle repose donc sur un modèle de croissance fortement consommateur d'espace et de ressources naturelles. Le développement des industries et des transports porte aux yeux de la plupart des scientifiques une part de responsabilité importante dans la dégradation de l'environnement (cf. notion d'empreinte écologique)et en particulier dans le réchauffement climatique. Il est certain que toute la planète ne pourrait pas vivre selon le modèle de croissance productiviste qui est celui des pays du Nord ni selon leur normes actuelles de consommation sans remettre en cause les grands équilibres écologiques de la planète.

  1. L’altermondialisme : la mondialisation contestée

L’altermondialisme désigne un ensemble de courant de pensée souhaitant promouvoir une autre (alter) forme de mondialisation, qui ne serait plus fondée sur le libéralisme économique.

a. Encadrer la mondialisation par une gouvernance mondiale

L'objectif est de bâtir une gouvernance mondiale dans tous les domaines œuvrant dans l’intérêt de tous et palliant les dysfonctionnements de la mondialisation.

- Réformer les institutions internationales (ONU, FMI, OMC) qui ne sont pas élues démocratiquement et y promouvoir une meilleure représentativité des pays du Sud.

- Favoriser une plus grande justice économique : micro-crédit pour les populations les plus pauvres. Annulation de la dette publiquedes pays du Sud. Commerce équitable : vendre des produits à un prix qui permette une rémunération acceptable des petits producteurs des pays pauvres en organisant un système d'échanges plus juste. Il s'agit donc de rompre avec la logique d'exploitation des pays du Sud. Instauration d'une taxe Tobin : exemple d'ATTAC (Association pour une taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens), créée en France en 1998 et implantée dans plus de 50 pays. Cette association veut instaurer la taxe Tobin sur la circulation des capitaux. ATTAC considère que même fixée à un taux très bas (0,05 %), elle rapporterait 100 milliards de $ par an. Elle serait versée à des organisations internationales pour des actions de lutte contre les inégalités, pour la promotion de l'éducation et de la santé publique dans les pays pauvres, pour la sécurité alimentaire et le développement durable. Il s'agit d'essayer de limiter la spéculation financière. Contrôler les paradis fiscaux (voir plus haut)

- Promouvoir une justice mondiale : La nécessité de gérer des questions mondiales en mettant en place des instances internationales concerne aussi le domaine judiciaire : la création de la Cour Pénale Internationale traduit ainsi la volonté d'instaurer une gouvernance mondiale en matière judiciaire. La CPI, qui siège à La Haye aux Pays Bas a été créée en 1998 et est active depuis 2002. Cette CPI a pour mission de juger des personnes accusées de crimes les plus graves lorsque la justice de leur pays ne les poursuit pas : crime de guerre, crime contre l'humanité, génocide. Aujourd'hui, la CPI a été ratifiée par 110 pays, mais beaucoup refusent d'y participer, soit en n'ayant pas signé les statuts, soit en les ayant signés sans les avoir ratifiés (EU, Russie, Chine, Inde...).

- Respecter l'environnement : la mobilisation internationale autour des questions environnementales a commencé dans les années 1971, avec le Programme des NU pour l'environnement. Dans les années 1980, de graves catastrophes comme Tchernobyl, les marées noires et la médiatisation de certains problèmes comme le trou de la couche d'ozone ont marqué les consciences.

Des sommets de la Terre et des conférences sur le climat sont désormais régulièrement organisés et réunissent presque tous les chefs d'État de la planète : les sommets de Rio en 1992 (mise en place de l'Agenda 21 : recommandations sur la préservation de l'environnement) et en 2012. A la conférence de Kyoto en 1997, 180 pays étaient réunis. Un protocole a été établi : 38 pays industrialisés s'engageaient à abaisser leurs émissions de gaz à effet de serre pour atteindre en 2012 des niveaux inférieurs de 5,2 % à ceux de 1990.

Mais les efforts faits à l'échelle internationale rencontrent de nombreux obstacles : les États-Unis n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto et les pays en développement ont argué du fait que ce serait mettre un frein à leur développement. L'agenda ne pourra donc pas être respecté.

 

b. Démondialisation et décroissance ?

Depuis le début des années 2000, la notion de démondialisation fait son chemin. Dans le domaine économique, elle se désigne un processus visant à limiter le libre-échange, à travers la relocalisation de la production et des emplois et le retour à un protectionnisme ciblé via des droits de douanes.

On peut coupler cette notion à celle de la décroissance : le club de Rome avait mis en garde contre les dangers que la croissance économique faisait peser sur l’environnement (« Halte à la croissance » en 1972 appelait à « la croissance zéro »). La décroissance va plus loin que le devt durable : La notion de DD suppose en effet que l'on continue à se développer. Ceux qui soutiennent le principe de la décroissance pensent au contraire qu'un modèle de développement fondé sur la croissance économique n'est pas tenable : une société qui consomme toujours plus de ressources ne peut pas être respectueuse de l'environnement selon eux et cette société sera rapidement confrontée au manque de certaines ressources vitales. Pour les partisans de la décroissance, critiques vis-à-vis de la société de consommation, la croissance économique ne peut pas être verte ni durable et il faut se contenter de répondre aux vrais besoins, pas aux faux besoins superflus.

III Mobilités, flux et réseaux

 

La mondialisation repose sur l'interdépendance des différents espaces mondiaux qui sont ainsi mis en réseaux par le biais d'une circulation toujours plus grande de tous les types de flux. Un flux désigne une circulation de produits ou de personnes.Ils sont de diverse nature et de quantité sans cesse plus importante.

 

A)    Les flux de marchandises, de capitaux et d'informations

  1. La mondialisation des échanges

 

La mondialisation des échanges n'est pas un phénomène nouveau : les échanges entre les différentes parties du monde ne datent pas d'aujourd'hui (Grandes découvertes à la Renaissance, mise en place des empires coloniaux européens au XIX° siècle : doc 1 p. 101), mais les flux de marchandises ont considérablement augmenté dans la deuxième moitié du XX° siècle, tout particulièrement à partir des années 1980 (doc 3 p. 101). Le volume des échanges de marchandises ne cesse d'augmenter chaque année, plus vite que la production mondiale. Les échanges s'internationalisent de plus en plus et les économies des États sont de plus en plus extraverties (tournées vers l'extérieur)

 

  1. La mondialisation financière (ou globalisation)

 

Il existe deux types de mouvements internationaux de capitaux :

 

Les investissements de portefeuille : Ils sont effectués par des entreprises ou des particuliers qui se livrent à la spéculation boursière (c'est à dire à l'achat et à la revente d'actions afin de réaliser une plus-value en profitant des variations des cours sur les Bourses mondiales). En 20 ans, entre 1990 et 2009, la capitalisation boursière a été multipliée par 5. La plupart des flux financiers reposent simplement sur la spéculation. On parle d’économie virtuelle pour désigner ces transferts de capitaux. Aujourd'hui, les bourses semblent devenues indispensables au financement des entreprises et des États. Par suite de la globalisation financière et de la déréglementation qui l’accompagnent, les entreprises peuvent emprunter ou investir de l'argent où elles le souhaitent, quand elles le souhaitent. Dans ces flux, les grandes Bourses jouent un rôle considérable. Les plus grandes places financières internationales sont les Bourses de New York, Chicago, Tokyo, Londres, Francfort, Paris, Milan. 85 % de la capitalisation boursière sont concentrés dans la Triade.

Les Investissements Directs Étrangers (IDE) : Ce sont des mouvements de capitaux générés par des entreprises qui, à la différence des précédents, servent à développer des activités productives à l'étranger : ils servent à implanter une unité de production à l'étranger (délocalisation) ou à acquérir une part du capital social d'une entreprise étrangère. Les IDE correspondent à des investissements matériels à long terme. Les pays de la Triade concentrent la plupart des capitaux. Doc 1 p. 147.

  1. Les flux d’informations : un réseau numérique mondialisé

 

Les télécommunications sont un instrument essentiel de la mondialisation. Elles permettent d’ignorer la distance, d’établir un contact quasi instantané sur l’ensemble du globe et de faire du monde un vaste marché unique. Elles constituent dans l’histoire de l’humanité une des principales ruptures. Deux technologies de communications apparues sous leur forme contemporaine il y a moins de 20 ans ont provoqué deux révolutions simultanées qui se combinent aujourd'hui : le téléphone portable et Internet

 

Le téléphone mobile : Apparu en France en 1986, il ne touche le grand public que 10 ans plus tard grâce aux progrès de la miniaturisation et à émergence d'offres abordables de la part d'opérateurs. Au niveau mondial, il y a en 2012 6 milliards de téléphones portables (900 millions en Chine, 620 millions sur le continent africain) : dans ces régions qui ont longtemps souffert d'un manque d'infrastructures de téléphonie fixe, les réseaux cellulaires sont moins coûteux et beaucoup plus rapides à déployer. D'après l'International Télécommunications Union (organisme lié à l'ONU), le mobile est « la technologie qui s'est développée le plus vite dans toute l'histoire de l'humanité »

Internet : Le principe de connecter des ordinateurs entre eux est mis au point au cours des années 1960 pour des applications à la fois militaires et universitaires aux EU mais sa diffusion est longtemps restée confidentielle jusqu’au début des années 1990 (premier navigateur pour surfer sur le net en 1993) avant d’exploser aux alentours de l'an 2000. En 2012 selon les chiffres de la CIA World Fact Book, le monde comptait 2,3 milliards d'abonnés à Internet. Les pays représentant le plus d'abonnés sont la Chine (538 millions) et les États-Unis (273 millions). La France arrivait en 9ème position avec 43 millions d'internautes.

Mais la diffusion d'Internet dessine une géographie très sélective à l’échelle mondiale : ce n’est pas seulement un simple outil mais un dispositif mettant en œuvre un système complexe : électrification, réseaux de télécommunication, équipements informatiques. Il existe une fracture numérique évidente entre le Nord et le Sud : il y a autant d'internautes à Malte qu'au Laos (6,5 millions d'hab.) et au Luxembourg qu'en Éthiopie (88 millions d'hab.)... En Afrique subsaharienne l’accès au réseau se fait le plus souvent par des voies collectives dans le cadre d’un usage d’intérêt général : université, cybercafé, associations de quartiers, ONG...

Sur le plan politique, Internet a fait émerger de véritables contre-pouvoirs : malgré la censure qu'exercent certains États sur le contenu de la toile, Internet est le lieu d'expression de la (cyber)dissidence chinoise, cubaine, iranienne...

 

B. Les flux humains : les migrations internationales

 

De tous les types de circulation, ce sont les hommes qui bougent le moins : alors que les flux de marchandises, de capitaux et d'informations circulent très librement, des freins aux migrations existent partout. Selon le rapport sur la population des Nations Unies de 2011, les migrations internationales concernent 215 millions de personnes, soit 3 % de la population mondiale, qui vivent hors de leur pays de naissance. Les flux migratoires actuels, exprimés en pourcentage de la population, sont ainsi inférieurs à ceux des dernières décennies du XIXème siècle, mais en volume, ils n'ont pas cessé d'augmenter dans la seconde moitié du XXème siècle : les migrations ont triplé en 30 ans et presque toutes les régions du monde sont concernées par ce phénomène, soit par l'entrée, soit par le transit, soit par le départ. On distingue les migrations de travail (et liées au regroupement familial) et les migrations politiques.

 

1. Les migrations économiques

 

a. Les causes des migrations économiques internationales

- Les contrastes de développement : Les inégalités socio-économiques entre les pays du Nord et ceux du Sud constituent la principale explication. (Attention cependant, contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent le plus car il faut un minimum d'argent pour pouvoir partir et l'appui de réseaux). Les migrants sont attirés par la représentation qu’ils ont de l’Eldorado qu’ils convoitent Les pays limitrophes dont le différentiel de richesse et de développement est important sont des pays où les flux migratoires sont souvent très importants. cf. EU – Mexique.

- Le décalage démographique entre des régions très peuplées et très jeunes et des régions vieillissantes : croissance démographique forte au Sud, poids démographiques, plus de jeunes et problème de chômage. Les pays dits du Nord, quant à eux ont une croissance démographique lente, parfois même pénurie de main-d'œuvre. Certains pays voient leur population augmenter uniquement grâce à l’immigration : cf. le nombre d’enfants par femme dans certains pays européens est inférieur à 1,4 (Allemagne, Italie).

 

b. Origines et destinations de ces migrations

Doc. 4 p. 109.

- Les migrations vers le Nord ne sont plus clairement majoritaires : les principaux pays d'accueil au Nord sont aujourd'hui les EU et le Canada, l'Europe occidentale, surtout au Nord et depuis peu la Russie, les pays de l'Océanie. Ces migrations se décomposent d'une part en migrations du Sud vers le Nord (la plupart non qualifiées : migrations de bras ; une minorité qualifiée : migrations de cerveaux, Brain drain) et représentent environ un tiers du total des migrations. Les principaux pôles émetteurs sont l'Asie du Sud et du Sud-Est, l'Afrique du Golfe de Guinée et du Maghreb, l'Amérique latine et caraïbe. Il existe d'autre part d'importantes migrations Nord – Nord (environ un quart des migrations internationales, la plupart étant des migrations qualifiées, une minorité non négligeable étant des migrations moins qualifiées, venant pour beaucoup de l'ancien bloc communiste depuis les années 1990).

 

- Les migrations vers le Sud sont désormais légèrement majoritaires : Un tiers des migrations internationales se fait désormais du Sud vers le Sud : les flux du Sud répulsif vers un Sud attractif sont aussi considérables : les principaux pôles d'attraction sont les riches États pétroliers peu peuplés du Moyen Orient, qui attirent beaucoup d’ouvriers Indiens et Africains. En Arabie Saoudite vivent 7,3 millions d'immigrés et dans les émirats pétroliers (Koweït, Qatar, EAU, Bahreïn), la population immigrée représente plus des 2/3 de la population totale. Dans le sens Nord – Sud, ces migrations existent mais sont minoritaires et représentent moins de 15 millions de personnes ingénieurs, techniciens, enseignants expatriés...

 

- Le cas des diasporas : ce type de migration reflète bien le phénomène de la mondialisation. Une diaspora désigne la dispersion d’un peuple à travers la planète et qui garde des liens forts entre ses membres (diaspora juive, chinoise, indienne, libanaise…) : la diaspora chinoise  est véritablement mondialisée bien que numériquement essentiellement basée en Asie du SE. Les membres de cette diaspora se regroupent entre eux, dans des quartiers, les Chinatown, où ils reproduisent leurs traditions, impriment leur marque et perpétuent les liens entre membres qu’ils soient nés en Chine ou non. Les entrepreneurs chinois font des affaires aux quatre coins du monde grâce aux guanxi, des réseaux amicaux et communautaires construits depuis leur ville d’origine. Les migrants se situent à l’intersection de plusieurs communautés culturelles et animent des « espaces sociaux transnationaux », qui favorisent les transferts culturels (technologies, savoir-faire…), les transferts politiques (circulation de la notion d’État de droit, de démocratie…) et économiques (capitaux, transferts financiers vers les régions d’origine)

 

c. Les conséquences de ces flux migratoires pour les pays de départ.

 

Effets négatifs : perte de forces vives qui constitue un problème considérable pour les pays d’origine : déficit de main-d’œuvre qualifiée mais aussi problème du coût de la formation initiale pour le pays d’origine qui n’en récupère pas les fruits puisque cette élite se met à la disposition des pays riches où elle trouve du travail plus facilement et mieux payé.

Effets positifs : sur le chômage et apport de capitaux considérable. Les immigrants sont en effet souvent la première source de revenus pour leur pays d’origine par le biais de transfert de capitaux(envois de fonds à la famille restée dans le pays). Ces envois dépassent les montants des fonds d’investissement étrangers et l’aide au développement que consentent les pays riches aux pays pauvres : le rapport du PNUD de 2011 montre que ces transferts atteignent 328 milliards de dollars aujourd'hui, soit 3 fois l'APD). Un émigré peut parfois faire vivre 10 personnes, ce qui pose aussi le problème d'une économie sous perfusion : ces transferts de capitaux représentent parfois la moitié du PIB du pays de départ...

 

  1. Les migrations d'origine politique : les réfugiés

 

- Définition : on qualifie de "réfugié politique" un individu qui quitte un État dans lequel sa sécurité et sa liberté ne sont plus assurées et qui trouve refuge dans un pays étranger au nom du droit d'asile. Les pays ayant ratifié la convention de Genève en 1951 doivent le droit d’asile aux réfugiés politiques. 146 pays adhèrent à la convention de Genève.

- Depuis la fin de la GF, des changements profonds ont entraîné une crise du droit d'asile : l'augmentation et la diversification de la conflictualité (guerres civiles dans les pays du Sud) ont amplifié les situations d'urgence au moment où les frontières des pays d'accueil se fermaient sous l'effet des difficultés économiques. Les déboutés du droit d'asile sont très nombreux désormais : il y a 35 ans, 80 % des demandeurs obtenaient ce statut. Aujourd'hui, quasiment 80 % se le voient refuser.

On compte aujourd'hui près de 40 millions de réfugiés et de déplacés dans le monde selon le HCR. Ces réfugiés trouvent parfois asile dans les pays du Nord, mais le plus souvent dans les pays limitrophes du leur.

 

 

3. Les flux touristiques internationaux

 

- Définition : Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme, le tourisme est un déplacement hors de son lieu de résidence habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4 mois dans un but de loisir. La mobilité touristique est donc très temporaire et à différencier des migrations politiques et économiques.

 

- Comme pour les autres types de flux, les flux touristiques sont en augmentation et en diversification constante : En augmentation : 70 millions de touristes internationaux en 1960, 700 millions en 2000, plus de 1 milliard ajd.

En diversification, tant pour les pays d'origine que d'accueil des touristes :

Parmi les 10 premiers pays accueillant le plus de touristes, on trouve désormais la Chine (3è), la Turquie, la Malaisie et le Mexique. Petit cocorico : la palme revient à la France (plus de 80 millions) suivi par les EU. Pour les pays d'origine des touristes : les touristes eux-mêmes sont encore très majoritairement des personnes venant du Nord, mais une part croissante de touristes appartenant aux classes moyennes et supérieures des pays émergents fait du tourisme : les Chinois (les 3èmes désormais en termes de dépenses et devraient être plus de 100 millions dans 10 ans), les Brésiliens...

 

CCL : croquis de synthèse pôles et flux de la mondialisation :

Voir appli web de Jacques Muniga (à faire en salle info. Une fois le tutorial terminé, les élèves recopient le schéma sur une carte vierge du monde à projection polaire et l’apprennent par cœur pour le bac) :

http://geographie-muniga.org/SDLV_Terminales/SUJET_SDLV_T2_h.swf

http://geographie-muniga.org/CROQUIS_POLES_et_FLUX.html

 

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