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États-Unis - Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales

Les E-U et le Brésil sont les deux 1ères puissances du continent. Ce sont deux pays au fort potentiel : ce sont deux territoires immenses avec environ 9,5M de km pour les E-U (3ème superficie mondiale, 17 fois la France) et environ 8,5M de km pour le Brésil (5ème superficie mondiale et 15 fois la France). Ces grands espaces offrent d’importants ressources naturelles (charbon, bois, fer, etc.). Ils sont mis en valeur par une population nombreuse : environ 320M d’hab (3ème mondial) pour les E-U et 200M (5ème mondial) pour le Brésil. Ces deux pays ont, en outre, une forte tradition de mobilité : interne, avec un esprit pionnier hérité de l’histoire, et externe puisqu’ils sont très attractifs pour les migrants. Bien que bénéficiant de situations assez proches, moteur de dynamiques, ces deux pays n’ont pas la même influence à l’échelle mondiale et leurs dynamiques territoriales divergent sensiblement : Quel rôle mondial et quelles dynamiques territoriales pour les États-Unis et le Brésil ?

 

I Des rôles mondiaux différents

 

A)   Les Etats-Unis, seule hyperpuissance mondiale

 

La puissance mondiale des E-U n’est plus à démontrer malgré la concurrence croissante de la Chine et la croissance ralentie depuis 2008 (doc 1 p. 230 et doc 2 p. 233 : carte et texte)

D’abord au niveau économique et commerciale : les E-U restent la 1ère puissance économique mondiale. 1ers exportateurs de services, 3ème destination touristique du monde (parcs d’attractions, villes, parcs naturels, etc.), activité industrielle de 1er rang (2ème producteur automobile, 3ème producteur d’acier, etc.), 1ers exportateurs de produits agricoles grâce à une agriculture intensive (et subventionnée) et de puissantes Industries Agro-Alimentaires comme Monsanto ou Dole (fruits), etc. D’autres FTN américaines dominent l’économie planétaire à l’image d’Apple, Exxon Mobil, etc. Par ailleurs, ils constituent la 1ère puissance financière grâce à la 1ère bourse mondiale de valeurs à New York et 1ère bourse mondiale de commerce à Chicago. Le dollar reste la 1ère monnaie des échanges internationaux. En outre, les E-U sont les 1ers émetteurs et récepteurs d’IDE dans le monde : ils reçoivent 1/5 des IDE du monde dont les 2/3 viennent d’Europe et émettent plus d’1/4 vers l’Europe, le Canada et le Mexique.

Ensuite, au niveau géopolitique, les E-U disposent du 1er budget militaire du monde (environ 35% du total mondial et 4% de leur PIB pour 800MM$). Ces dépenses leur permettent d’avoir une capacité de projection unique au monde en étant présent sur tous les continents (bases) et océans (flottes militaires). Les E-U sont également souvent à la tête d’interventions militaires internationales (par ex dans le cadre de la « coalition contre l’Etat islamique » qui intervient au Moyen-Orient depuis août 2014) et appartiennent aussi à des alliances militaires avec d’autres pays (OTAN, « traité de sécurité » avec le Japon). De plus, les E-U peuvent s’appuyer sur le plus grand réseau d’ambassades et de consulats du monde. Les E-U sont l’un des 5 membres du conseil de sécurité de l’ONU, le siège de l’ONU est à New-York.

Enfin, sur le plan culturel, les E-U n’ont pas beaucoup de concurrents à l’échelle internationale. Cette puissance culturelle se mesure à l’aide de la diffusion de la culture américaine dans le monde. Et celle-ci est incontestable et passe par les produits et lieux de consommation, les productions des sociétés de divertissement (Time Warner Company, Walt Disney Studios, etc.), etc. Les grandes universités américaines (MIT et Harvard, Berkeley à San Francisco, Yale à New Haven, etc.) attirent des étudiants étrangers (plus de 700000 étudiants étrangers en 2013). La maitrise du « net power » participe également à la diffusion de l’american way of life.

Toutefois, cette puissance rencontre quelques limites notamment depuis le début des 2000’s : endettement qui ne cesse de se creuser depuis 2008, concurrence de l’UE et des BRICS, hostilité à leur politique impérialiste, certaines fragilités internes (inégalités entre communautés, entre espaces), etc.

 

B)    le Brésil, une puissance émergente (doc 1, 4 et 5 p. 234-35)

 

Economiquement parlant, le Brésil possède le 7ème PIB mondial (environ 2500M$) et sa croissance est forte depuis quelques années (autour de 7%/an). L’économie du Brésil est principalement fondée sur l’exploitation et l’exportation de ressources naturelles : des produits miniers (2ème producteur de fer, 5ème producteur d’or), des produits agricoles (3ème exportateur mondial de produits agricoles avec par ex 1er producteur de café et de canne à sucre, 3ème pour le porc et le maïs). Mais le Brésil a également développé son industrie depuis une 15aine d’années (environ 55% des exportations brésiliennes), dans les domaines du textile, de l’agroalimentaire, de l’aéronautique, de l’automobile (grâce aux IDE d’entreprises automobiles européennes et américaines). Enfin, le Brésil attire aussi des flux touristiques (environ 5 à 10M/an). Ces secteurs s’appuient sur quelques FTN brésiliennes de rang mondial comme Petrobas (pétrole), Vale (extraction minière) ou encore Embraer (3ème constructeur d’avions civils au monde derrière Airbus et Boeing). L’émergence du marché intérieur, la croissance soutenue ainsi que la diversification des activités ont généré de multiples IDE entrants (la Chine est devenue le 1er investisseur au Brésil) et sortants. Enfin, la bourse de Sao Paulo est la 9ème du monde.

Au niveau géopolitique, le Brésil est en pleine affirmation de sa puissance et de son influence, surtout depuis le début des 2000’s et l’arrivée de Lula au pouvoir. Certes, le Brésil n’a pas de place de choix à l’ONU, mais comme le Japon, il est l’un des pays qui a été le plus souvent élu pour siéger au Conseil de sécurité et il revendique un siège permanent. Ainsi, Lula avait été classé « homme de l’année » en 2009 par le quotidien français Le Monde. En effet, lors de ses 2 mandats, il a multiplié les voyages et a ouvert de nouvelles représentations diplomatiques dans le monde (ouverture de 20 ambassades en Afrique par ex au Bénin, Kenya, Zimbabwé). Le Brésil est désormais invité à toutes les réunions et sommets mondiaux comme à Davos ou à l’OMC. Le Brésil est aussi devenu un porte-parole des pays du Sud. Le Brésil a même été à l’initiative d’un groupe de pays qui cherche à rééquilibrer les rapports de force économique face à la Triade, le groupe IBSA (Inde, Brésil, Afrique du Sud : G3). Par ailleurs, et alors que l’armée brésilienne n’est pas très développée, le Brésil est le pays qui participe le plus aux opérations de maintien de la paix de l’ONU (Haïti)

Enfin, sur le plan culturel, le Brésil a fait une entrée remarquée avec des séries télévisées (les telenovelas) diffusées dans plus de 100 pays notamment en Amérique Latine, au Moyen-Orient ou encore en Afrique. Elles ont l’avantage d’être moins chères que les séries américaines. La musique brésilienne rayonne également à l’échelle mondiale à travers la samba et la musique saudade typique du monde lusophone (par exemple Cesaria Evora). De grandes manifestations festives régulières ou ponctuelles attirent les regards sur la culture brésilienne à l’image du carnaval de Rio qui a lieu tous les ans, de la coupe du monde de football (2014) ou des JO d’été (2016).

Mais l’expansion de la culture brésilienne est handicapée par la faible diffusion de la langue portugaise. Pour preuve, le plus grand groupe de médias brésilien (télévision, cinéma, presse), Globo, a une audience essentiellement centrée sur l’Amérique latine grâce à des programmes TV en langue espagnole et très limitée dans le reste du monde. De même, l’influence mondiale du Brésil est limitée par les très profondes inégalités qui touchent le pays (indice de Gini parmi les plus élevés au monde), malgré le programme d’aide « bourse famille » lancé en 2003 qui a divisé par 2 le pourcentage de pauvres (environ 40M de pauvres en 2014), par la faiblesse de l’armée, par le PIB/hab relativement faible (environ 11000$), par les contestations naissantes en Amérique du Sud face à un certain impérialisme brésilien (par ex avec l’achat de terres agricoles en Bolivie ou au Paraguay par des paysans brésiliens soutenus par l’Etat).

Finalement, en dépit des nombreuses limites, les E-U restent la seule hyperpuissance mondiale grâce à son hard power et son soft power : ils exercent une influence multiforme à toutes les échelles. Le Brésil a montré des progrès rapides depuis le début du XXIème siècle qui lui permettent de compter dans le monde. Sa zone d’influence est plutôt régionale (Amérique latine) et ciblée (pays d’Afrique et pôles de la Triade) mais de nombreux domaines permettent aujourd’hui de faire du Brésil un pays majeur à l’échelle internationale. L’organisation des territoires américain et brésilien reflète leurs niveaux de puissance.

 

II Les dynamiques territoriales du Brésil et des Etats-Unis

 

L’analyse des dynamiques territoriales nationales montre des points communs et des différences entre les 2 pas.

D’un côté, les 2 territoires ont une organisation plutôt tripartite avec notamment des espaces intérieurs peu peuplés (densités de 30 hab/km au centre des E-U et 20 hab/km sur l’Ouest du Brésil), les métropoles sont au cœur de la puissance des deux pays (elles concentrent des activités décisionnelles majeures comme Brasilia, NY ou Washington, des activités financières importantes par ex Chicago, NY et Sao Paulo, des activités touristiques avec Rio de Janeiro, Las Vegas ou Los Angeles, etc.), les régions littorales sont plus développées que le reste du pays (héritage de l’histoire et intégration dans mondialisation), l’intégration dans la mondialisation marque les territoires et agit sur les dynamiques de ceux-ci avec en particulier l’apparition de « mégalopoles secondaires » avec les villes de Dallas-Austin-San Antonio-Houston ou San Francisco-Los Angeles-San Diego pour les Etats-Unis et Sao Paulo-Belo Horizonte-Rio de Janeiro pour le Brésil.

D’un autre côté, le territoire américain est intégralement maitrisé et intégré à la mondialisation tandis que le territoire brésilien est marqué par la marginalisation de certains espaces à cause des difficultés à les aménager. Dès lors, l’intensité de l’intégration des territoires dans la mondialisation est différente entre les 2 pays.

 

 

A)    Les dynamiques territoriales des Etats-Unis

 

Schématiquement, le territoire américain peut être scindé en 3 grands types de territoires.

D’abord, le cœur de la puissance correspond au nord-est, qui est à la fois le centre historique du pays (par ex, Washington capitale depuis 1791, région d’arrivée de millions de migrants, un des centres de la révolution industrielle du XIXème siècle) et l’espace le plus puissant aujourd’hui. Deux pôles structurent cet espace : la Mégalopolis et la région des grands lacs (autour de Chicago et Détroit). Le Nord-est concentre une ville mondiale et plus de 40% de l’activité industrielle, regroupe plus de 70% de sièges sociaux de grandes firmes américaines ainsi que des universités parmi les plus « puissantes » du monde (par ex Harvard), centralise une partie de l’économie mondiale par l’intermédiaire de deux bourses mondiales et de quartiers d’affaires riches au rayonnement mondial (Manhattan à NY ou Loop à Chicago). Pour autant, cette grande région a été durement marquée par la crise à la fin des 1970’s (perte de millions d’emplois dans l’industrie textile et sidérurgique notamment. Voir film-documentaire (sur Dailymotion) de Michael Moore, Roger and Me, qui analyse le sort de la ville de Flint) et la crise des subprimes de 2008 (secteur automobile très touché). Par ailleurs, la région n’a pas bien négociée le passage à une économie « postindustrielle ». Les principales conséquences de ces 2 moments sont les transferts d’activités et les flux migratoires vers la Sun Belt. Depuis peu, la région des Grands lacs tente une reconversion (tourisme, haute technologie).

Ensuite, 2 autres espaces participent à la puissance, la Sun Belt et la région des grandes plaines. La Sun Belt constitue aujourd’hui la région la plus attractive et la plus dynamique dans tous les domaines d’activité, plus particulièrement dans l’électronique, l’informatique, l’aéronautique, le divertissement, la production agricole. Cette zone est composée de noyaux isolés (littoral californien, région d’Atlanta, Seattle, etc.). Son dynamisme s’appuie sur de nombreux facteurs : interfaces maritime et terrestre, métropoles puissantes (Los Angeles, Atlanta, Miami), conditions climatiques attractives, conditions géologiques favorables (pétrole au Texas et dans le golfe du Mexique). La région des grandes plaines est le cœur agricole du pays (E-U, 1er exportateur de produits agricoles) avec sa production ultra-moderne (subventions, machines, OGM, etc.) de maïs, soja, blé et élevage. Mais cette région est confrontée à la concurrence internationale et à la variabilité des cours des produits agricoles.

Enfin, les espaces « en marge ». Il faut relativiser la notion de marginalisation pour le territoire américain car ces territoires sont finalement relativement bien intégrés à la mondialisation et développés mais à un degré moindre que le reste du pays. Tout d’abord, le centre-Ouest, constitué essentiellement des Rocheuses, marqué par une densité assez faible d’infrastructures de communication et des conditions climatiques moins favorables. Il n’en reste pas moins que les ressources minérales sont nombreuses (charbon, fer, zinc, etc.) et que le tourisme attire des populations venant du monde entier (Mont Rushmore, parc national de Yellowstone, Salt Lake City pour les sports d’hiver) sans parler de l’exploitation du bois, du développement de l’écotourisme ou de la présence de l’armée. L’Alaska est un espace périphérique gigantesque (presque 3 fois la France) mais pourtant fondamental pour les E-U grâce à ses ressources en or, en gaz, en pétrole (plus de 15% de la production américaine) et à ses 2 bases militaires. Enfin, Hawaï : archipel situé en plein Pacifique à 4000 km à l’Ouest de la Californie centré sur l’agriculture tropicale (ananas, café, canne à sucre, bananes) et le tourisme (surf, randonnées, plages).

 

B)     Les dynamiques territoriales du Brésil

 

Le Brésil aussi peut être divisé en 3 grands espaces au développement et à l’insertion mondiale très inégaux.

Le Sudeste constitue l’espace central et moteur du pays. Organisé autour de Rio de Janeiro (10M d’hab) et Sao Paulo (20M d’hab), la région représente plus des 2/3 de la production industrielle et la moitié du PIB. Les sièges sociaux des grandes FTN brésiliennes s’y sont installés et la plus grande bourse d’Amérique Latine est à Sao Paulo. Les liens avec le reste du monde sont très intenses grâce aux grandes manifestations internationales et aux infrastructures de communications (ports, aéroports).

Les espaces du Sud et du Centre-Ouest représentent des périphéries intégrées. Pour le 1er grâce à son agriculture (café, olives, orge, etc.), sa proximité avec des pays du MERCOSUR (dynamisme transfrontalier), sa proximité avec le Sudeste, son activité industrielle. Pour le second grâce à son agriculture moderne mécanisée destinée à l’exportation (élevage, soja). De plus, la capitale politique inaugurée en 1960 illustre la volonté politique de développer l’intérieur du pays et d’en faire un front pionnier (zones d’extension de superficies utiles, essentiellement à l’agriculture). Brasilia est aujourd’hui la 4ème ville la plus peuplée  et l’une des plus riches car elle centralise l’administration ainsi que les forces armées. C’est une ville qui vit surtout des services.

Enfin, le Nordeste et la région amazonienne. Cette dernière est la partie plus excentrée et marginalisée (pour le moment) du pays malgré un potentiel important (hydroélectricité, gisements d’or, caoutchouc, bois, zone franche de Manaus, tourisme de croisière sur le fleuve Amazone, espaces disponibles). C’est donc un territoire qui pourrait s’avérer porteur du développement du pays. Quant au Nordeste, il constituait l’ancien centre historique et économique du pays mais cumule aujourd’hui de nombreux handicaps qui en font aujourd’hui une région au faible développement. En dépit des réformes lancées par Lula pour réduire la pauvreté et les inégalités (programme faim zéro, augmentation du salaire minimum, accès facilité au crédit pour les classes populaires, investissements dans certains quartiers populaires du pays) qui ont eu pour effet de diviser la pauvreté (de 80M de pauvres en 2002 à 50M en 2012), le Nordeste reste, entre autres,  marqué par l’analphabétisme (42% contre 10% dans le Sudeste) et la malnutrition. Les causes sont multiples (notamment difficultés à reconvertir activité après un passé esclavagiste et conditions climatiques peu favorables avec de fortes sécheresses à l’intérieur dans le Sertao). Pourtant, quelques projets récents montrent la volonté de l’Etat de créer une dynamique de développement avec la construction d’un grand aménagement hydraulique qui permettrait une agriculture irriguée commerciale et un accès à l’eau plus régulier pour développer le tourisme. La région a connu et connait toujours de grandes vagues de départs de populations avec des flux migratoires intérieurs orientés vers le Sudeste ou le Centre-Ouest voire la région amazonienne (front pionnier).

A l’échelle du continent américain, deux pays (E-U et Brésil) rayonnent sur le globe. Leur rôle mondial est cependant différent, puisque les EUA sont une hyperpuissance, tandis que le Brésil n’est, somme toute, qu’une puissance ascendante et un état émergent. Sur le plan de leurs dynamiques territoriales, plusieurs similitudes sont apparues, notamment l’organisation tripartite de leur espace. Mais le niveau de développement et d’intégration générale de chaque pays n’est pas identique : les EUA sont totalement intégrés à la mondialisation quand plusieurs régions du Brésil restent marginalisées.

De fait, la mondialisation fonctionne par l’intermédiaire de centres d’impulsion et n’uniformise pas immédiatement les différents territoires mondiaux.

 

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