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Des cartes pour comprendre le monde

Introduction : 

Ce chapitre ne pouvant faire l’objet d’une composition, je ne passe pas par une introduction conventionnelle mais plutôt par une petite sensibilisation à la représentation cartographique.

Ce chapitre va interroger les différentes manières de représenter le monde et va nous fournir les outils pour critiquer les représentations cartographiques. Vous pensez souvent qu’une carte est objective, ie représente des choses vraies de manière neutre. En fait, c’est faux : même en représentant des choses vraies, une carte présente toujours le point de vue du cartographe. 2 parties : regard critique sur les cartes, puis illustrations à partir de 2 types de carte : carte géopolitique et carte géoculturelle.

 

I. Regard critique sur les modes de représentations cartographiques

 

A. Représenter le monde (projection, centrage…)

Observation du planisphère de l’ONG CCFD-Terre Solidaire. Quels contrastes avec les représentations des élèves ? Quels sont les principaux points d’étonnement ? (orientation sud, centrage Pacifique, continents déformés)

Projection :

* Mercator (XVIe siècle): représenter le monde des Européens, carte pour les navigateurs (méridiens et parallèles sont orthogonaux + tracé des littoraux conformes à la réalité = facilite le cabotage)

Défaut de la carte de Mercator : ne corrige pas le passage d’une réalité sphérique (la Terre) à une représentation plane => les espaces situés à l’équateur ont une superficie écrasée par la représentation, tandis que les espaces situés aux pôles sont exagérément étendus.

Comparez la représentation des continents sur une carte Mercator avec leur superficie réelle :

Afrique (30 M km²) vs. Groënland (2 M km²) vs Inde (3 M km²)

Russie (17 M km²) vs. Amérique du Sud (17 M km²)

 

* Peters (Géographe allemand, 1970s) : nouvelle projection qui rétablit des surfaces relatives correctes (Afrique = 15 x Groënland), mais déforme les continents (allongés à l’équateur, aplatis aux pôles

La carte de Peters connaît un fort succès dans les milieux tiers-mondistes puis altermondialistes en démontrant l’importance géographique de l’Afrique, de l’Amérique du Sud et de l’Asie du Sud, et en relativisant l’envergure géographique des deux autres blocs.

Il existe de très nombreuses projections différentes, certaines permettant un compromis entre Mercator et Peters (ex : Eckert IV)

 

ð  Selon le type de projection utilisé, la taille et, donc, l’idée qu’on se fait de l’importance des différents continents n’est pas la même.

 

Le centrage

* Autre point surprenant dans la carte du CCFD : à la recherche du centre du monde.

Carte du monde vue par Hawaï.

ONU : compromis de la représentation polaire, tous les pays à égalité (mais domination du nord, plus proche du centre)

 

ð  Selon le centrage utilisé (note : tous les centrages sont aussi vrais les uns que les autres), le centre du monde diffère et, donc, la place symbolique de chaque espace n’est pas la même car ça n’a pas le même sens d’être au milieu ou à l’écart.

 

 

B. Figurer des informations

 

Les types de figurés :

 

PPT musulmans dans le monde : Quels types de figurés sont utilisés ? Quelles différences observables entre les deux cartes ? Quels avantages/inconvénients présentent chaque type de figuré ?

=> Permet d’introduire les notions de figuré ponctuel et figuré de surface.

Connaissez vous un 3e type de figuré ? Figuré linéaire (flux)

Voir mémento cartographique sur la page de garde du manuel : le lire ensemble. Il faut le connaitre. Plus achat matériel : règle avec cercle, très utile pour gagner du temps pour les croquis de synthèse.

 

Des cartes sélectives :

Les infos figurées sur une carte sont issues d’un choix du cartographe en fonction du thème retenu et du point de vue présenté. Chaque carte met en évidence des choses et en masque d’autres.

Ex Palestine-Israël en trois cartes :

- carte touristique du Ministère israélien : à destination des touristes, on rend invisible autant que possible les territoires palestiniens, on fait disparaître la limite entre les deux entités, on renomme la Cisjordanie avec le vocabulaire biblique (Judée et Samarie), on ne différencie pas le Golan (annexé sans reconnaissance internationale) du reste du territoire israélien.

- carte géopolitique faisant figurer les différentes limites territoriales, les derniers conflits de la région. Carte d’observateur, destinée à présenter la situation dans sa complexité, dans un manuel de vulgarisation des relations internationales de la région (Les clés du Moyen Orient)

- carte du Monde Diplomatique : seuls les territoires de Cisjordanie sous contrôle palestinien sont représentés. On insiste sur la discontinuité territoriale et l’éclatement en inventant une mer imaginaire et en présentant les territoires palestiniens comme un archipel. Carte militante destinée à dénoncer l’infaisabilité d’un Etat palestinien en Cisjordanie du fait de l’occupation et de la colonisation.

=> Les trois cartes sont correctes, représentent des informations communes mais avec des visées différentes (comparez la représentation des territoires sous contrôle palestinien dans les trois cartes)

 

ð  Les choix de figurés et des informations cartographiées influencent le regard que l’on porte sur la carte et le sens qu’elle transmet : en réalisant une carte, le cartographe donne son point de vue, qu’il convient de décrire et de critiquer dans une étude de carte.

 

 

II. Grilles de lecture d’un monde complexe

 

Nous allons maintenant étudier 2 grands types de carte en appliquant notre nouveau regard critique sur chacun. Ces types constituent des grille de lecture du monde, ie des manières de l’envisager, de le comprendre et de le présenter. D’autres grilles de lecture existent, car le monde est complexe et elles peuvent se superposer les unes aux autres.

A) Lecture géo-politique

Ex : Etats-Unis Thalassokrator : En quoi cette carte illustre la puissance américaine dans le monde ? Quelles sont les limites que présente cette carte ?

Autres = passifs (US centré) ; Ne dit pas la complexité des relations diplomatiques avec les non alliés

Notion à discuter : la puissance et ses critères

 

Ex 2 : les conflits dans le monde vs organisations internationales

Concentration des conflits dans l’arc de crise, reste du monde paraissant plus épargné. Occidentaux touchés par le terrorisme d’Al-Qaeda.

Quelles mises à jour peut-on faire à cette carte de 2012 ? (Mali, Ukraine, Centrafrique…) Quels facteurs expliquent la concentration des conflits ?

Puis analyse critique du mode de représentation :

Tracé « arc de crise », figurés qui uniformisent (comparer deux conflits interétatiques)

Enfin, observation comparée 2 documents

Gouvernance

Reposer la question des facteurs de conflictualité : la superposition des deux cartes révèle un autre facteur !

PPT 3 : évoqué,

L’affaiblissement des Etats // la montée d’acteurs non étatiques

 

 B) Lecture géo-culturelle

Samuel Huntington dans Le choc des civilisations parle des aires de civilisation, théorie selon laquelle le monde post guerre froide se structurerait en aires culturelles (linguistique, religieuse, ethnique) opposées ce qui génèrerait des conflits. Voir PPT aires civi

Nommez et localisez des conflits actuels. Ces conflits semblent-ils confirmer ou infirmer la thèse de Huntington ?

Aires de civilisation : notion discutable du fait de leur contour fluctuant et de l’uniformisation excessive des territoires dont la diversité reste très grande. Faire ensemble analyse critique : couleur uniformise des espaces désunis, choix des types de civ doit aussi être critiqué, carte suggère d’énormes différences entre les civilisations. Or n’y a-t-il pas bcp de choses qui rapprochent au contraire ?

On peut ainsi plutôt parler de mondialisation culturelle, comme un phénomène qui rapproche les pratiques culturelles et en instaure une culture mondiale… ex : Diffusion du football dans le monde, touche la totalité des pays (PPT)

Culture mondiale également nuancée par le maintien de fortes inégalités d’accès à son contenu : ex accès Internet dans le monde.

Trois cartes sur le même thème pour comparer l’efficacité et le but de chaque carte à travers les figurés choisis. Faire analyse critique.

 

Conclusion :

Cartes révèlent un monde complexe par la superposition des grilles de lecture. La mondialisation est un phénomène visiblement à l’œuvre, mais persistances locales, diversité et fortes inégalités nuancent l’idée d’un monde entièrement globalisé et unifié.

Dès lors la carte, comme représentation simplifiée, et les notions géographiques, comme clés de lecture des phénomènes mondiaux, font l’objet de choix de la part des cartographes et des géographes, qu’il convient de discuter, critiquer et nuancer, pour pouvoir approcher la complexité du monde.

Pour finir de vous convaincre que chaque carte donne un point de vue, PPT monde selon américains.

 

 

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